Mon quatrième accouchement, au Québec

Après la naissance d’Alistair, je pensais ma famille au complet. Et vu notre situation financière, le plus important était de sortir de la galère. J’ai donc mis mon appartement de Clichy-sous-Bois en vente, et nous avons déménagé à Douchy-Montcorbon, un charmant village situé dans le Loiret.

 

Je suis passée d’un appartement miteux à une jolie maison avec jardin, et je venais de décrocher un poste de responsable d’un service administratif dans une mairie située à 20 kilomètres de là. Avec cette nouvelle vie à la campagne, j’ai remis mes rêves d’expatriation à plus tard.

 

Seulement trois mois après notre emménagement, et un jour après ma prise de poste, j’ai reçu un courriel du ministère de l’immigration canadien qui m’informait que ma demande de PVT avait été acceptée. De nouveaux changements s’offraient à nous, et les prochains mois ont été occupés à préparer notre expatriation.

 

Un an jour pour jour après avoir été tirée au sort, j’embarquais pour Montréal, avec un passager clandestin à bord…

Concilier grossesse et nouvelle vie professionnelle

Je suis arrivée à Montréal en plein hiver, enceinte de quatre mois. Après avoir effectué les démarches administratives obligatoires pour pouvoir travailler dans le pays, je me suis mise à chercher un emploi d’arrache-pied. J’ai eu de nombreuses prises de contact et j’ai passé des entretiens dans deux cabinets d’avocats, l’un à Montréal et l’autre à Québec.

 

J’ai voulu un temps cacher ma grossesse pour pouvoir être choisie, mais lors de mon premier entretien, en présentiel, les bureaux étaient tellement chauffés que je me suis vite rendue compte que porter de gros pulls au travail ne serait pas une option, et que mon ventre finirait vite par se voir. En plus, le mensonge ne fait pas partie de mes valeurs, et ayant connu des expériences professionnelles désastreuses en France, je voulais repartir sur de bonnes bases, honnêtes et transparentes. J’ai donc annoncé ma grossesse à mes deux employeurs, en priant pour que ça passe.

 

Finalement le cabinet de Québec a choisi de me recruter en tant qu’adjointe juridique malgré le fait que je sois enceinte, et je ne les remercierai jamais assez de m’avoir donné ma chance. Venir au Canada aura eu de positif de m’autoriser un renouveau professionnel tout en attendant un enfant. Le revers de la médaille est que je n’ai pas pu bénéficier d’un congé maternité. n’ayant pas assez cotisé au régime d’assurance parentale. Grâce à mes congés, j’ai pu rester avec mon fils le premier mois, puis faire quatre jours de télétravail par semaine.

Ma grossesse au Québec

Malgré tout, cette quatrième grossesse n’a pas été de tout repos. Hormis les sempiternels maux du premier trimestre, qui ont duré jusqu’à six mois, je devais surmonter la fatigue pour préparer notre installation au Québec et trouver un logement. J’ai également eu de violents épisodes de contractions où j’ai vraiment cru que cette grossesse n’irait pas à son terme.  

 

De plus, mon suivi de grossesse a été erratique, voire inexistant. Ayant appris peu de temps avant mon départ que j’étais enceinte, j’ai juste eu le temps de faire l’échographie du premier trimestre et m’assurer que bébé allait bien. Je n’ai pas fait les prises de sang mensuelles, pensant naïvement que les frais de santé, bien qu’à ma charge, seraient aussi abordables qu’en France.

 

Las! non seulement trouver un médecin au Québec est un vrai parcours du combattant, mais en plus les frais liés à la grossesse sont absolument exorbitants. J’ai tout de même essayé de passer l’échographie du troisième trimestre, mais sans prescription médicale, impossible. C’est le serpent qui se mord la queue…

Mon accouchement au Québec, à domicile

Vient finalement la fin de grossesse. 39 semaines, puis 40, puis 41 semaines d’aménorrhée. Toujours rien. Pour le Canada, j’ai déjà une semaine de retard. La date prévue de l’accouchement était le 13 juillet, et aucun changement ne se fait sentir, sauf quelques contractions un peu plus soutenues que d’habitude. Le 14 juillet, j’ai été réveillée par du faux travail. Je me suis dit que mon bébé voudrait certainement naître le jour de la Fête Nationale, en hommage à notre Mère Patrie, mais vers 10 heures tout s’est arrêté. J’ai passé ma journée comme j’ai pu, à m’occuper des enfants et faire quelques emplettes, me préparant à une facture de santé exorbitante si ça devait se terminer par un déclenchement et une césarienne d’urgence. 

 

Le soir arrive et je regarde une émission humoristique sur Amazon, essayant de me détendre et de penser à autre chose. Vers minuit, je commence à ressentir des contractions douloureuses, dans le dos. J’active mon compteur de contractions pour surveiller l’intervalle: entre 5 et 7 minutes entre chaque contraction, pas de quoi s’alarmer. Et puis tant que je n’ai pas perdu les eaux, c’est que l’accouchement n’était pas pour tout de suite. 

 

Vers 3 heures du matin, les contractions n’étaient espacées que de trois minutes. L’application m’avait pourtant prévenue qu’il était temps d’aller à la maternité, mais j’attendais de perdre les eaux pour prendre une décision. Rapidement après les choses se sont intensifiées, et j’étais trop occupée à gérer la douleur pour décider quoi que ce soit. Et toujours aucune perte des eaux à l’horizon…

 

Les douleurs sont tellement intenses que je perds la notion du temps, jusqu’à ce que je sente pousser. Je pousse, en essayant de garder mon calme et rassembler mes dernières forces, et la tête de bébé sort. J’ai eu plus de mal à pousser pour les épaules, tellement j’étais épuisée par ces heures de travail. Ma mère, qui dormait dans une autre chambre, a fini par être alertée par mes gémissements et est entrée dans la chambre. Je lui ai demandé de sortir l’enfant, ce qu’elle a fait non sans hésitation (heureusement ma mère est infirmière à la retraite).

 

Mon petit bout est donc né le 15 juillet 2023 à 5h56 du matin dans la belle ville de Québec, à la maison. Ne connaissant pas son petit secret, Je fus agréablement surprise de voir que c’était un garçon! J’ai ensuite appelé les secours qui m’ont conduite à l’hôpital pour les contrôles d’usage.

Étant né avec un faible poids de naissance pour son terme (2,8kg/6livres pour 41sa) et en hypothermie, l’équipe médicale a décidé de le garder en observation deux journées. Je suis donc sortie de l’hôpital sans mon bébé, à qui je rendais visite le plus souvent possible.

Avec le recul, cette quatrième grossesse loin de chez moi et cet accouchement à domicile étaient une pure folie. Mais j’étais animée d’une si grande foi que je ne pouvais pas laisser passer l’opportunité de m’expatrier au Canada pour y démarrer une nouvelle vie avec ma famille.

 

Aujourd’hui Dario a deux mois et il est en pleine santé. Ses frères et sa sœur l’ont accueilli à bras ouverts, et nous vivons avec bonheur cette nouvelle vie en Amérique du Nord.

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